22 octobre 2023

Rémi Geniet

Piano

Rémi Geniet © Jean-Baptiste Millot

Biographie

Jeune pianiste primé, Rémi Geniet se distingue comme le plus jeune lauréat (3e Prix) du Concours international Beethoven de Bonn en 2011. Quatre ans plus tard, il remporte le 2e Prix du Concours Reine Elisabeth de Belgique, après avoir réalisé sa première performance à Carnegie Hall en 2013-2014.

Très actif sur la scène du récital en France, il compte également de nombreuses collaborations en tant que soliste avec les plus prestigieux orchestres d’Europe, tels que le Royal Flemish Philharmonic, l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, et l’Orchestre National Symphonique d’Ukraine. Comme chambriste, Geniet travaille régulièrement avec des musiciens tels qu’Alexandra Soumm (violon), Aurélien Pascal (violoncelle), Raphaël Sévère (clarinette) et Augustin Dumay (violon). Le premier album de Geniet, consacré à Bach, est paru en 2015 sous étiquette Mirare et il a reçu le prix Diapason de l’année. Son second album, quant à lui dédié à Beethoven, s’est attiré d’excellentes critiques lors de sa parution en 2017.

Rémi Geniet est diplômé du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, où il a eu pour professeure Brigitte Engerer. Il s’est perfectionné auprès de Rena Shereshevskaya à l’École Normale de Musique Alfred-Cortot, de même qu’auprès d’Evgeni Koroliov à Hambourg, et de George Pehlivanian en direction d’orchestre. Débuts au LMMC.


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Notes

Seule œuvre à programme du corpus de Jean-Sébastien Bach, le Caprice sur le départ de son frère bien-aimé est une composition de jeunesse en six mouvements dont chacun évoque un stade des adieux. Après un premier mouvement en si bémol majeur qui supplie tendrement de ne pas partir, le deuxième mouvement met en garde contre les dangers du voyage, à travers une fugue en sol mineur qui s’écartèle dans des tons éloignés. Devant l’inéluctable départ, le troisième mouvement est celui de la lamentation, dans une passacaille qui demande le développement d’une basse chiffrée. Mais il faut bien se faire à l’idée, et le quatrième mouvement permet le passage de la tristesse aux adieux heureux. Le cinquième mouvement annonce l’arrivée du postillon par des appels de cor signifiés par des sauts descendants d’octave. Le dernier mouvement fait entendre la fugue du postillon, réitérant les appels de cor comme contre-sujet à un nouveau thème évoquant la trompette.

Maurice Ravel complète son Tombeau de Couperin en 1917, à la suite de sa démobilisation militaire. Deux hommages s’y dessinent en parallèle, soit celui aux camarades tués au combat – à qui il dédie chaque mouvement –, et celui à la musique française du XVIIIe siècle, lequel s’articule sous la forme d’une suite de danses. Le deuxième mouvement fait entendre la seule fugue jamais publiée par Ravel. La Forlane du troisième mouvement a quant à elle été écrite sous l’inspiration du quatrième Concert Royal de Couperin, tout en adressant un clin d’œil moqueur au pape Pie X, qui aurait voulu réhabiliter cette danse ancienne en remplacement du licencieux tango. Prenez garde à l’entrain du Rigaudon, vous pourriez perdre pied dans l’accalmie soudaine de la très délicate section mitoyenne. L’élégant Menuet donne un temps de répit, suivi d’une Toccate vive et brillante.

À propos des sonates tardives de Beethoven, l’ancien rédacteur du Los Angeles Philharmonic Orrin Howard suggère que le compositeur « a écrit autant contre le clavier que pour celui-ci », soulignant l’exigence à la fois technique et poétique de ces œuvres. La Sonate no 28, op. 101, s’ouvre sur un premier mouvement intime et poétique, donnant à entendre en son centre un épisode syncopé. Le deuxième mouvement remet les pendules à l’heure avec une marche appuyée, signifiée par la récurrence de la formule croche pointée/double croche; après un passage dissonant et parsemé de trilles, un moment d’accalmie est offert aux auditeurs. Le troisième mouvement, en réitérant le thème d’ouverture du premier mouvement, s’avère en réalité une introduction au Finale, introduit par une interruption abrupte soulignée par un trait de gamme descendant et un passage en trilles.

La Sonate no 4 de Sergei Prokofiev, dite « D’après de vieux cahiers », étonne par son introversion et le caractère lugubre de ses deux premiers mouvements, qui s’extraient graduellement des ténèbres pour n’atteindre qu’à la toute fin l’exubérance habituelle à l’esthétique du compositeur. L’incertitude se manifeste dès le premier thème, qui fait pourtant simplement alterner les triades majeures et mineures. S’en suivent des motifs courts en hémioles, qui ajoutent l’ambiguïté rythmique à celle de l’harmonie. Le deuxième mouvement permet quant à lui de déployer le thème d’ouverture en une version plus étendue, se combinant plus loin à un épisode lyrique teinté de nostalgie énoncé en deuxième thème.

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

J.S. BACH         Caprice sur le départ de son
(1685-1750)         frère bien-aimé, BWV 992 (1706)

RAVEL                Le Tombeau de Couperin, M. 68 (1917)
(1875-1937)

BEETHOVEN      Sonate no 28 en la majeur,
(1770-1827)        op. 101(1816)

PROKOFIEV       Sonata no 4 en ut mineur,
(1891-1953)        op. 29 (1917)

                                KAJIMOTO