5 mars 2023

Alban Gerhardt

Violoncelle

Steven Osborne

Piano

Alban Gerhardt © Kaupo Kikkas
Steven Osborne © Ben Ealovega

Biographie

Issu d’une famille de musiciens professionnels, le violoncelliste allemand Alban Gerhardt fait ses débuts professionnels en 1987, à l’âge de 17 ans, en interprétant le Concerto pour violoncelle no 2 en ré majeur de Haydn avec l’orchestre de chambre de la Philharmonie de Berlin. Sa carrière internationale prend son envol quatre ans plus tard, et ne cesse de prendre de l’ampleur depuis. Habitué des grandes salles européennes, Gerhardt joue aussi régulièrement avec les grands orchestres nord-américains depuis ses débuts à Carnegie Hall, en 2008. Gerhardt est réputé pour ses enregistrements musicaux, qui lui ont fait remporter de nombreux prix, dont trois ECHO Klassik Awards (1998, 2003, 2009). Après avoir créé le Concerto pour violoncelle de la compositrice sud-coréenne Unsuk Chin, qu’elle a composé pour lui, il en a produit en 2015 un enregistrement chez Deutsche Grammophon, qui a remporté le prix du BBC Music Magazine et a été finaliste pour un prix Gramophone. Très impliqué dans la communauté, Gerhardt se produit régulièrement hors des grandes salles classiques, notamment dans des hôpitaux, des écoles, et des institutions pour jeunes en difficulté. Il s’engage auprès des réfugiés afghans de même qu’au sein de l’initiative #Musicians4UnitedEurope, en réaction au Brexit de 2016. Gerhardt joue sur un violoncelle unique produit par Matteo Goffriller (1710). 6e concert au LMMC.


Steven Osborne est l’un des musiciens les plus remarquables de Grande Bretagne. Ses interprétations d’un répertoire très varié, révèlent une immense profondeur musicale. De nombreuses récompenses jalonnent sa carrière et lui ont assuré une place de choix sur la scène internationale ; 1er prix au Concours Clara Haskil (1991) et au Concours international Naumburg de New York (1997). Instrumentiste de l’année de la Royal Philharmonic Society (2013). Imposante discographie mainte fois primée, chez Hyperion ; 2 Gramophone Awards, Prix Choc de Classica, 2 Schallplattenpreis awards et autres. Début au LMMC.

https://albangerhardt.com/

https://www.stevenosborne.com/


Notes

Composés lors d’une prolifique période de composition de musique domestique (Hausmusik), les Fünf Stücke im Volkston, op. 102 de Schumann traduisent une forte inspiration folklorique. La premier mouvement, intitulé Vanitas Vanitatum, constitue une version musicale du poème du même titre écrit par Goethe, mettant en scène un ivrogne dont la démarche claudicante se fait bien entendre. S’en suit une douce berceuse dont les phrases musicales oscillent entre des segments de 3 et de 4 mesures. Le mouvement central se déploie en une valse lente et poignante, suivie par un quatrième mouvement rempli d’espoir. Mais la fatalité n’est jamais loin, comme en témoigne le dernier mouvement, légèrement incliné du côté des ténèbres.

Dans sa Sonate no 1 pour violoncelle et piano, Schnittke s’approprie pour mieux les sublimer les deux idiomes musicaux les plus élémentaires de la tradition musicale occidentale, soit la tierce majeure et mineure et la cadence parfaite, autour desquels il gravite sans cesse, en éludant toujours leur résolution. Alors que cette oscillation majeur/mineur se présente sous des traits mélancoliques dans le Largo initial, elle se resserre et se démultiplie dans un Presto fougueux. Le Largo final se présente comme une réminiscence ambiguë de ce qui a précédé.

Cinquième mouvement de son Quatuor pour la fin du temps, la Louange à l’Éternité de Jésus d’Olivier Messiaen célèbre le Christ en tant que Verbe, puissant, doux et infini. La pièce se présente comme un chant d’une magistrale lenteur, extatique, presque tonal par moments.

Ayant initialement écrit l’Adagio et Allegro op. 70 pour cor et piano, Schumann en a ensuite produit lui-même la version alternative pour violoncelle. Alors que l’Adagio se présente comme un voyage introspectif, l’Allegro passionné laisse entrevoir toute la brillance du timbre du cor, transposée au violoncelle. Juste avant de se conclure, l’emportement de l’Allegro se voit brièvement interrompu par un rappel du motif d’ouverture.

La Sonate pour violoncelle en fa majeur, op. 99 constitue une œuvre de maturité de Brahms, qui se présente affranchi de l’exigence de restaurer les formes classiques. Le deuxième mouvement pourrait avoir été récupéré d’un mouvement exclu de sa Sonate en mi mineur, d’abord en raison de la similarité du troisième sujet avec celui du premier mouvement de cette dernière, puis en raison de l’importance équivalente accordée à l’intervalle de sixte mineure, particulièrement perceptible dans la section médiane et dans la coda. La liberté que s’est octroyée Brahms dans la composition de cette pièce a suscité de nombreuses critiques, dont celle, impitoyable, d’Hugo Wolff, qui a qualifié l’œuvre de « tohu-bohu » dont on ne saurait dire s’il s’agit bien de musique. À vous, désormais, d’en juger.

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

SCHUMANN    Cinq Pièces dans le ton populaire,
(1810–1856)         opus 102 (1849)

SCHNITTKE     Sonate no 1 (1978)
(1934–1998)

MESSIAEN      Louange à l’Éternité de Jésus (1941)
(1908–1992) 

SCHUMANN    Adagio et Allegro, opus 70 (1849)
(1810–1856)

BRAHMS
         Sonate no 2 en fa majeur,
(1833–1897)         opus 99  (1886)
                                           

            Harrison Parrott  -  Sulivan Sweetland