17 mars 2024

Aris Quartett

Cordes

Aris Quartett © Sophie Wolter

Biographie

Anna Katharina Wildermuth, violon
Noémi Zipperling, violon
Caspar Vinzens, alto
Lukas Sieber, violoncelle

Fondé en 2009 à Frankfurt am Main, le quatuor à cordes Aris Quartett a taillé sa place sur la scène mondiale de la musique de chambre grâce à des reconnaissances d’envergure, qui lui ont notamment permis d’intégrer le palmarès des ECHO Rising Stars du European Concert Hall Organisation, et des New Generation Artists de la BBC. L’Aris Quartett a à son actif de nombreuses collaborations avec des instrumentistes de renom tels que la soprano Christiane Karg, l’altiste Tabea Zimmerman, le violoncelliste Daniel Müller-Schott, et le pianiste Kit Armstrong. Ce quatuor à cordes est reconnu pour l’éclectisme de sa démarche musicale qui n’hésite pas à faire dialoguer les genres, comme en témoigne notamment sa récente collaboration avec le pianiste de jazz Omer Klein. Mettant par ailleurs la musique contemporaine au cœur de son travail, l’Aris Quartett est régulièrement sollicité par des compositeurs et compositrices tels que Lukas Ligeti, Gerald Resch et Misato Mochizuki, pour assurer la création mondiale de leurs œuvres. Les six albums enregistrés par l’Aris Quartett ont été encensés par la critique. Débuts au LMMC.

www.Aris Quartett

Notes

C’est à partir de l’ébauche d’une sonate pour piano commencée cinq ans plus tôt, juste avant son mariage avec Wilhelm Hensel, que Fanny Hensel Mendelssohn compose son Quatuor à cordes en mi bémol majeur. Peu confiante en ses aptitudes à manier les grandes formes classiques, et durement affectée par les critiques de son frère, qui lui reprochera son « approche indisciplinée de la forme », Hensel Mendelssohn attendra 13 ans de plus pour produire une autre œuvre instrumentale à grand déploiement, soit son Trio pour piano en ré mineur. Et si ce que Felix a considéré comme de l’indiscipline relevait plutôt d’une authentique prise de liberté formelle ? Le Quatuor, œuvre pionnière en ce qu’il pourrait s’agir du plus ancien quatuor encore existant qui soit écrit par une femme, présente de grandes qualités expressives ainsi qu’un sens profond de l’innovation harmonique, comme en témoigne l’ambiguïté tonale qui le parcourt. Œuvre incontestablement romantique, révélant l’influence de Beethoven et de Mendelssohn frère, ce Quatuor de Mendelssohn Hensel s’avère réellement visionnaire.

Le très grave Quatuor à cordes no 8 de Dmitri Chostakovitch a fait l’objet de toutes les exégèses. S’agit-il d’une dénonciation des ravages du fascisme, comme la dédicace ajoutée a posteriori le laisse entrevoir, ou du cri du cœur d’un compositeur soumis aux diktats du totalitarisme? Au-delà des différentes interprétations possibles, Chostakovitch y affirme sa présence en martelant tout au long de l’œuvre l’initiale musicale ré – mi bémol – do – si (D-S-C-H) – déjà utilisée dans sa Symphonie no 10. Ce qui s’en suit prend les traits d’une autobiographie musicale, parcourue des traces de compositions antérieures. Juste après l’introduction de l’initiale, le premier mouvement donne à entendre une citation de l’ouverture de la Symphonie no 1. Dans le deuxième mouvement, Chostakovitch cite le thème musical juif du dernier mouvement de son Trio pour piano no 2. La troisième section du troisième mouvement cite quant à elle un thème tiré de son Concerto pour violoncelle no 1. Le quatrième mouvement se fait l’évocation d’une captivité mortifère, d’abord sur un Dies Irae qui n’est autre que la séquence DSCH inversée; s’en suit une citation de la chanson révolutionnaire russe Épuisés par les épreuves de la prison, ainsi que de l’opéra Lady Macbeth du District de Mtsinsk. Le dernier mouvement, fugué, est tapissé par le motif DSCH qui entraîne l’auditeur dans une multitude de directions tonales, se déposant enfin dans un accord de do mineur.

En composant son Quatuor à cordes no 13 en la mineur, D. 804, dit « Rosamunde », Schubert semble avoir été saisi de la même douloureuse et mélancolique introspection qui frappera Chostakovitch plus d’un siècle plus tard. Cette mélancolie s’annonce dès le premier mouvement, à travers un thème lancinant au premier violon survolant un accompagnement ondulant dans les parties intermédiaires, frissonnant à la basse. L’Andante du deuxième mouvement donne quant à lui à entendre une transcription de l’Entracte en si bémol majeur, tiré de la musique de scène écrite auparavant par Schubert pour la pièce de théâtre Rosamunde. Dans le menuet, le compositeur semble également évoquer sa mise en musique d’une stance des Dieux Grecs, de Schiller, posant la cruelle question : « Schöne Welt, wo bist du? » (« Monde de beauté, où es-tu ? »). Le dernier mouvement, de caractère « tzigane », se déploie dans une multitude de textures et de directions tonales, semblant vouloir s’évanouir pour se conclure sur deux accords décisifs.

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

F. MENDELSSOHN   Quatuor à cordes en
(1805-1847)                mi bémol majeur, H.277 (1834)

CHOSTACOVITCH    Quatuor à cordes no 8 en
(1906-1975)                do mineur, op. 110 (1960)

SCHUBERT              Quatuor à cordes no 13
(1797 -1828)               en la mineur
                                   < Rosamunde > (1824)


Marianne Schmocker Artists International