10 septembre 2023

Kerson Leong

Violon

Jessica Osborne, piano

Kerson Leong © Marco Borggreve

Biographie

Depuis que le violoniste canadien Kerson Leong a remporté le Premier Prix de l’International Yehudi Menuhin Competition en 2010, sa carrière suit une formidable impulsion, au Canada comme à l’international. Il a notamment été sélectionné par Yannick Nézet-Séguin en tant qu’artiste en résidence de l’Orchestre Métropolitain en 2018-2019, ce qui lui a permis de se produire en des lieux aussi prestigieux que Carnegie Hall, Wigmore Hall, l’Auditorium du Louvre et le National Centre for Performing Arts de Beijing. Le journal Toronto Star l’a désigné comme « non seulement l’un des plus grands violonistes du Canada, mais l’un des plus grands violonistes, point ». Son récent enregistrement chez Alpha Classics de l’intégrale des sonates pour violon solo d’Eugène Ysaÿe lui a valu le Diapason d’Or Découverte et Choc de Classica, de même que des critiques élogieuses, notamment par Gramophone. On compte également parmi ses récents accomplissements musicaux la création de la pièce Visions du compositeur britannique John Rutter, enregistrée avec le Aurora Chamber Orchestra et le compositeur lui-même, puis présentée en première mondiale à Londres. La saison 2022-2023 de Leong, riche en représentations au Canada, aux États-Unis et en Europe, comprend également une tournée en Suède avec la Camerata Nordica. Leong joue sur un violon « ex Bohrer, Baumgartner » de Guarneri del Gesu, gracieusement prêté par Canimex Inc. Débuts au LMMC.

La pianiste Jessica Xylina Osborne est diplômée en musique des plus grandes écoles américaines. Ses principaux professeurs ont été sa mère, Patricia Osborne, Dr. Marjorie .Lee, Seymour Lipkin, Emile Naoumoff, Jon Kimura Parker, et Claude Frank. Débuts au LMMC.

Catherine Harrison-Boivert


https://kersonleong.com/

Notes

Eugène Ysaÿe a composé ses Sonates pour violon seul après avoir entendu les sonates et partitas de Bach, jouées par Joseph Szigeti. Il a dès lors voulu composer une série d’œuvres qui traduiraient l’évolution des techniques du violon et de la musique du 20ème siècle. Dans cette optique, chaque sonate est dédiée à un virtuose contemporain d’Ysaÿe. La Sonate no 4 est dédiée à Fritz Kreisler, grand amateur des musiques baroques, dont il s’amusait à écrire des pastiches – d’où les mouvements titrés comme des danses baroques. La Sonate no 5 a été dédiée à Mathieu Crickboom, élève favori du compositeur. Kerson Leong est heureux d’intégrer ces œuvres à son programme, en hommage à la venue d’Ysaÿe au LMMC en 1895.

À sa création, la Sonate no 1 en la majeur de Gabriel Fauré a été unanimement acclamée : le troisième mouvement a été bissé, et même Saint-Saëns a été conquis. L’œuvre passera entre autres à la postérité à travers les références qu’y fait Marcel Proust dans À la recherche du temps perdu. Le premier thème du premier mouvement se déploie avec élan dans toute sa longueur (21 mesures), annonçant une fébrilité harmonique qui se confirme dans le deuxième thème. Le deuxième mouvement combine le doux balancement de la barcarolle et la sinuosité du chromatisme, qui nous entraîne de la tonalité de mineur à un éclatant majeur. Le scherzo du troisième mouvement enthousiasme par la vivacité de son caractère et le contraste de ses textures, notamment dans le passage au trio cantabile. L’Allegro quasi presto du dernier mouvement entraîne l’auditeur dans une douceur qui ne se laisse que ponctuellement perturber – jusque dans les traits de gamme spiccato qui précèdent le dernier trait de virtuosité.

Auditeurs, soyez aux aguets : toutes les idées musicales du premier mouvement de la Sonate no 3 en mineur, op. 108, de Johannes Brahms, sont exprimées dans ses quatre premières mesures. Le développement étonne par son statisme, à travers la pédale de la tenue par le piano durant non moins de 46 mesures, et le bariolage de la partie de violon. Après un passage de la tempêtueuse tonalité de mineur à celle, solaire, de majeur, les auditeurs peuvent s’accorder un peu de répit dans un deuxième mouvement Adagio. Le troisième mouvement présente un caractère espiègle : rythmiquement syncopé, le violon semble jouer à cache-cache avec le piano. L’œuvre se conclut sur un Presto agitato qui juxtapose une tarentelle vive et un épisode de style choral qui n’est pas sans rappeler le deuxième sujet du Concerto pour piano no 1.

La Sonate pour piano et violon en la majeur de César Franck vient boucler la boucle de ce concert, à travers la subtile référence à Ysaÿe qu’il évoque : en effet, c’est pour le mariage de ce dernier que Franck l’a composée. L’œuvre aurait également fait l’objet d’une postérité proustienne, ayant inspiré la Sonate de Vinteuil permettant à Swann d’exprimer son amour pour Odette. Les deux thèmes du premier mouvement parcourent l’œuvre tout entière, le premier exécuté par le violon, et le second, par le piano. Après la toccate bouillonnante du deuxième mouvement, le chromatisme chantant sur lequel s’ouvre le Recitativo-Fantasia du troisième traduit l’influence de Wagner. L’œuvre se termine sur un rondo souple, construit sur une écriture canonique qui n’en demeure pas moins d’une formidable clarté.

 

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

YSAŸE        Sonate no 4 en mi mineur
(1858-1931)

YSAŸE        Sonate no 5 en sol majeur

FAURÉ        Sonate no 1 en la majeur, op. 13
(1845-1924)

                                      Entracte

BRAHMS    Sonate no 3 en mineur, op. 108
(1833-1897)

FRANCK     Sonate en la majeur
(1822-1890)

                  Dispeker Artists International Inc.