3 décembre 2023

Hermitage Piano Trio

Hermitage Piano Trio © Lisa-Marie Mazzucco

Biographie

Misha Keylin  -  violon
Sergey Antonov  -  violoncelle
Ilya Kazantsev  -  piano

Formé en 2011 par trois solistes de calibre international, soit Misha Keylin au violon, Sergey Antonov au violoncelle et Ilya Kazantsev au piano, le Hermitage Piano Trio est acclamé tant par le public que par la critique. Cet ensemble de très haut niveau peut régulièrement être entendu lors des meilleures séries de concerts et des plus prestigieux festivals de musique de chambre, en Amérique du Nord et ailleurs. Son répertoire couvre à la fois les grandes œuvres de la tradition européenne et la musique américaine plus contemporaine, donnant notamment à entendre des pièces de compositeurs moins connus tels qu’Amy Beach, Horatio Parker et Vittorio Giannini.

Le premier album du Hermitage Piano Trio, lancé en 2019 et consacré à Rachmaninoff, s’est attiré les éloges de magazines tels que The Strad et Gramophone, en plus d’assurer à l’ensemble trois nominations aux prix GRAMMY. L’American Record Guide s’est réjoui que l’on puisse encore jouer avec autant de passion, « dans notre ère totalement antiromantique ». Dans le cadre d’une entente multi-albums avec l’étiquette Reference Record, le Hermitage Piano Trio fera paraître en 2023 son deuxième album, consacré aux œuvres de compositeurs romantiques espagnols du 20e siècle. Débuts au LMMC.


https://hermitagepianotrio.com/

Notes

Dans la foulée d’un mouvement de nationalisme musical porteur d’un intérêt marqué envers les musiques folkloriques américaines d’origines diverses, plusieurs œuvres d’Amy Beach véhiculent l’inspiration des chansons écossaises, irlandaises, balkaniques, afro-américaines, et autochtones. Ce dernier genre est bien présent dans le Trio pour piano en la mineur, op. 150, sous une forme de juxtaposition éclectique qui rappelle la musique Charles Ives et Virgil Thompson. Alors que le premier mouvement donne à entendre des thèmes originaux de Beach, dans un lyrisme romantique puisant également aux influences françaises, le deuxième thème du second mouvement, de forme ABA, s’avère une recomposition de The Returning Hunter, la deuxième des quatre pièces formant la suite Eskimos, op. 64. Le thème d’ouverture du troisième mouvement est quant à lui dérivé de Song of a Padlimio, une chanson tirée des anthologies de l’ethnologue Franz Boas, également utilisée dans le Quatuor à cordes, op. 89.

Composé d’abord en 1854 alors que Brahms n’a que 21 ans, le Trio pour piano no 1, op. 8, fait l’objet d’une révision en profondeur quelque 36 ans plus tard, par laquelle le compositeur l’abrège du tiers de sa durée. Il confiera d’ailleurs à Clara Schumann que cette révision avait pour but, souhaitait-il, de rendre l’œuvre « moins maussade qu’avant ». L’œuvre oscille entre sa tonalité principale en si majeur et son homonyme mineur, s’ouvrant dans la première et se terminant dans le second. On portera attention à la magnifique mélodie d’introduction amenée au piano dans son registre médian, de même qu’au thème principal joué au violoncelle, puis à la section médiane du troisième mouvement, qui met ce même violoncelle en scène dans une mélodie en sol dièse mineur, après un début en si majeur.

C’est en hommage à son maître Tchaïkovski, alors depuis peu décédé, que Rachmaninov compose son Trio élégiaque no 2, op. 9. Ce faisant, il perpétue la tradition des compositeurs russes qui utilisent le trio pour piano pour honorer leurs maîtres disparus; Tchaïkovski l’avait lui-même fait pour Nikolaï Rubinstein dans son Trio en la mineur, op. 50. Dans une structure en trois mouvements inspirée par l’œuvre de son prédécesseur, la pièce s’ouvre sur un moderato qui ferme également le mouvement final. À la fin du premier mouvement, une impressionnante cadence pianistique se fait entendre, permettant au pianiste (probablement le compositeur à l’origine) de déployer toute sa technicité. Dans le deuxième mouvement, la forme des variations tient également son inspiration du Trio de Tchaïkovski, ce qui permet à Rachmaninov de réutiliser le thème du Rocher, son poème symphonique que le défunt aurait dû diriger, n’eût été de son abrupte disparition. Le Finale se fait quant à lui sans violon, donnant à ressentir toute la profondeur de l’absence.

 

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

BEACH                Trio avec piano en la mineur,
(1867-1944)          op. 150 (1938)

BRAHMS             Trio pour piano et cordes no 1
(1833-1897)          en si majeur, op. 8 (1854)

RACHMANINOV  Trio élégiaque no 2
(1873-1943)          en mineur, op. 9 (1893)

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