9 novembre 2025

Lukas Geniušas

Piano

Lukas Geniušas © Ira Polyarnaya

Biographie

Né à Moscou en 1990, Lukas Geniušas est diplômé du Collège de musique Chopin de cette ville en 2008. Il est lauréat de plusieurs concours prestigieux, notamment médaillé d'argent au concours Tchaïkovski de Moscou, en 2015, et au concours international Chopin en 2010. Aujourd'hui, ce pianiste russo-lituanien est invité dans les salles les plus prestigieuses du monde comme le Wigmore Hall, le Concertgebouw d'Amsterdam, la Salle Gaveau, l'Auditorium du Louvre ou encore la Grande Salle du Conservatoire de Moscou. Il s'est produit avec de nombreux orchestres, dont l'Orchestre philharmonique de Radio France, l'Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, l'Orchestre du théâtre Mariinsky et l'Orchestre symphonique de Toronto, sous la direction de chefs d'orchestre tels que Valery Gergiev, Charles Dutoit, Tugan Sokhiev et Rafael Payare, pour n'en nommer que quelques-uns.

Son répertoire s'étend des concertos pour piano de Beethoven au Ludus Tonalis de Hindemith et à John Adams. Il s'intéresse également beaucoup aux compositeurs russes tels que Tchaïkovski, Rachmaninov et Prokofiev. Il aborde volontiers du répertoire contemporain tout en étant attaché à ressusciter des œuvres rarement jouées.

La discographie de Geniušas, saluée par la critique, comprend des œuvres de Beethoven, Brahms, Rachmaninov et Chopin. Son premier enregistrement chez Mirare, consacré aux sonates de Prokofiev, a reçu le label « Choc » du magazine Classica et un Diapason pour Album de récital de l’année en 2019. Son plus récent, Chants populaires, est consacré à Desyatnikov, Bartok et Tchaïkovski. 2e concert au LMMC.

https://geniusas.com/

Notes

La Suite bergamasque est une œuvre de jeunesse de Debussy, divisée en quatre parties. Elle débute par un prélude qui témoigne de l’abondance d’idées musicales qui traversent l’esprit du compositeur. On parcourt ainsi différentes atmosphères. À l’intérieur même de chaque section, on trouve des changements de couleurs si caractéristiques de son style. Le début et la fin de ce premier mouvement ont en commun un thème musical qui emprunte à la gamme de cinq tons ses sonorités exotiques. En comparaison, le menuet suivant paraît beaucoup plus précieux, comme si Debussy faisait de la dentelle, une impression renforcée par le nombre de notes détachées, de soupirs qui jalonnent le discours et de passages piano. Si Clair de lune semble, au contraire, étirer le temps à l’infini par de longues lignes legato, Passepied revient à un cadre fixe. Des arpèges réguliers à la main gauche rythment la mélodie, celle-ci alternant entre pulsation métronomique et épisodes de liberté marqués par l’usage de triolets de noires.

Le Nocturne en ré bémol majeur d’Enesco superpose plusieurs styles musicaux pour former un tout éclectique. Le début de l'œuvre nous plonge d’emblée dans une douce mélancolie. La combinaison d’arpèges mineurs et d’une sixte majeure fait planer une ambiguïté tonale, ce qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit impressionniste de l’époque. Toutefois, le geste musical de ces arpèges et certaines ornementations, comme les trilles, évoquent la doina, une musique folklorique de Roumanie, pays d’origine du compositeur, réputée précisément pour sa dimension mélancolique. La seconde partie du nocturne contraste avec la première par son caractère enflammé, virtuose, qui rappelle le romantisme de Scriabine et suscite une émotion proche de la détresse. Une montée chromatique précède un long silence et l’entame de la troisième partie. On assiste alors au retour du matériau musical initial, Enesco insistant particulièrement sur cet accord composite mentionné plus haut, à cheval entre un accord diminué et une gamme à cinq tons.

Les Davidsbündlertänze sont le fruit de la double imagination de Schumann, non seulement en tant que pièce musicale, mais en ce qu’elle renferme comme monde imaginaire. Le titre de l'œuvre renvoie, en effet, à la société fictive des compagnons de David, un groupe composé de musiciens ayant réellement existé et de personnages purement inventés par le compositeur. Du côté des musiciens, représentants d’un idéal esthétique, on compte Chopin, Paganini et Clara Schumann; du côté des archétypes, reflets de sa personnalité artistique, on trouve Florestan (force créatrice et impulsive), Eusébius (partie sensible et introvertie) et Raro (juge suprême de la raison). Au fil de ces 18 danses, brèves et contrastantes, Schumann fait essentiellement dialoguer Florestan et Eusébius, sa femme Clara jouant ici un rôle de premier plan en termes de sujet et d’inspiration.

 

Justin Bernard

Programme

DEBUSSY        Suite bergamasque, L. 75 (1890)
(1862-1918)

ENESCO          Nocturne en ré bémol majeur (1907)
(1881-1955)

SCHUMANN    Davidsbündlertänze, op. 6 (1837)
(1810-1856)

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